Dans un bois solitaire et sombre Je me promenais l'autre jour, Un enfant y dormait à l'ombre, C'était le redoutable Amour. J'approche, sa beauté me flatte, Mais je devais m'en défier; Il avait les traits d'une ingrate, Que j'avais juré d'oublier. Il avait la bouche vermeille, Le teint aussi frais que le sien, Un soupir m'échappe, il s'éveille; L'Amour se réveille de rien. Aussitôt déployant ses aîles et saisissant Son arc vengeur, L'une de ses flêches, cruelles en partant, Il me blesse au coeur. Va! va, dit-il, aux pieds de Sylvie, De nouveau languir et brûler! Tu l'aimeras toute la vie, Pour avoir osé m'éveiller.