Un ange au radieux visage Penché sur le bord d'un berceau, Semblait contempler son image Comme dans l'onde d'un ruisseau. Charmant enfant qui me ressemble, Disait-il, oh ! viens avec moi : Viens, nous serons heureux ensemble La terre est indigne de toi. Là, jamais entière allégresse : L'âme y souffre de ses plaisirs, Les cris de joie ont leur tristesse Et Les voluptés ont leurs soupirs. Eh quoi ! les chagrins, les alarmes Viendraient troubler ce front si pur, Et par l'amertume des larmes Se terniraient ces yeux d'azur ! Non, non : dans les champs de l'espace Avec moi tu vas t'envoler ; La Providence te fait grâce Des jours que tu devais couler. Que personne dans ta demeure N'obscurcisse ses vêtements ; Qu'on accueille ta dernière heure Ainsi que tes premiers moments ! Que les fronts y soient sans nuage, Que rien n'y révèle un tombeau : Quand on est pur comme à ton âge Le dernier jour est le plus beau. Et, secouant ses blanches ailes, L'ange, à ces mots, a pris l'essor Vers les demeures éternelles. Pauvre mère, ton fils est mort.