1. Sous l'ombre fraîche des palmiers, On entend frémir des bruits d'ailes, Dans les nids le chant des ramiers Répond au chant des tourterelles, La brise lointaine des mers Passe sur nos fronts, douce et pure, Et caressant les rameaux verts, Les emplit d'un vague murmure. Les sillons, longtemps accablés Par l'ardeur du jour, font silence ; Et l'on voit onduler les blés Au vent du soir qui les balance. Et les pénétrantes senteurs De ces bienfaisantes haleines Versent le calme dans les cœurs En versant la paix sur les plaines. 2. Ah ! béni soit à jamais le Seigneur Qui permit dans sa toute puissance Que pour nous tous Ce fût un jour d'innocence, De bonheur et de paix ! En toi, mon Dieu, mon âme se confie Et notre voix te glorifie. Conserve-nous l'appui de ton secours, Comme aujourd'hui, Seigneur, et demain et toujours. C'est ta volonté qui dispose Et règle à son gré toute chose, Tout homme est soumis à ta loi. O créateur de la nature, Reçois de toute créature L'hommage d'amour et de foi ! Maître éternel, ô Roi du monde, Ta main en bienfaits est féconde, C'est en ta bonté que se fonde Notre unique espoir. Source de force et de lumière, Daigne écouter l'humble prière Qui vers ton ciel, de notre terre Monte chaque soir ! En toi, mon Dieu, notre âme se confie, Et notre voix te glorifie Comme aujourd'hui, Seigneur, et demain et toujours. Ne repousse pas les vœux d'humbles filles Qui t'invoquent avec ferveur Et sur nos maisons et sur nos familles Daigne répandre ta faveur ! Mais avant de rentrer, À la source limpide Puisons les claires eaux Qui calmeront la soif avide De nos troupeaux. 3. Chœur des chameliers Nous marchions avant que l'aurore eût chassé la nuit, Suivant docilement celui qui nous conduit. À présent, le jour qui s'enfuit fait place à la nuit. Nous marchons encore, nous marchons encore. Les fidèles chameaux, de leurs pas réguliers Franchissent vallée ou montagne Et l'on entend les grelots des colliers Dont le bruit léger accompagne Le chant joyeux des chameliers. Chantons, chantons encore Chantons, chantons toujours ! Chantons ! 4. Eliézer : O Seigneur Dieu, Qui protèges mon maître, Pour Isaac je t'invoque aujourd'hui. Par des signes certains que je puisse connaître Celle que ta bonté fit naître Pour être un jour unie a lui. Toutes ces vierges inconnues Portent sur leur front rougissant Les mêmes grâces ingénues Et le même charme innocent. Leurs regards ont la même flamme Et leur voix la même douceur ; Je voudrais lire dans leur âme, Je voudrais deviner leur cœur ! Mon Dieu, je m'en remets à ta sainte lumière ; La femme que ton choix destine à mon Seigneur Sera celle qui la première Accueillera son serviteur. 5. Duo : Rébecca : Seigneur, vous paraissez avoir fait longue route, L'ardeur du soleil a, sans doute, Altéré vos lèvres en feu. Je puiserai pour vous l'eau pure de la source ; Sous ce tranquille ombrage arrêtez votre course Et reposez-vous en ce lieu. Eliézer : Que Dieu vous soit favorable, Cœur secourable À l'étranger ; S'il m'est permis de vous interroger, Quel est votre nom jeune fille ? Rébecca : Mon nom est Rébecca. Eliézer : Quelle est votre famille ? Rébecca : Mon père est Bathuel et nul dans la cité N'est plus justement respecté. Eliézer : Seigneur Dieu, je bénis ta clémence propice Qui nous a conduits dans le bon chemin ; Ne m'abandonne pas et fait qu'avant demain, Mon œuvre heureuse s'accomplisse ! Rébecca : Seigneur que dites-vous ? Eliézer : Écoutez-moi : C'est au nom d'Abraham Et pour suivre sa loi Que nous venons vers votre père. Abraham habita ce pays ; Il espère Que le souvenir du passé Dans les cœurs n'est point effacé. Rébecca : S'il était l'ami de mon père, Ce n'est pas vainement que votre maître espère Que le souvenir du passé Dans les cœurs n'est point effacé. Eliézer : Salut à vous, vierge chérie, Dont Isaac attend le cœur ; Notre pays sera votre patrie, Notre Seigneur sera votre Seigneur. Rébecca : Mon père seul dispose de ma vie Et son désir m'est un ordre sacré ; Sa volonté sera suivie, Qu'il commande, j'obéirai. Eliézer : De l'amour de mon maitre, acceptez donc l'hommage Et recevez ces précieux bijoux ; C'est par ma main, la main de votre époux Qui de sa foi, vous offre ici le gage. Jeune fille, salut a vous ! C'est la providence éternelle Qui vous destine à cet hymen ; De la demeure paternelle Enseignez-moi donc le chemin ! 6. Chœur de jeunes filles : Bien loin de nous tu vas partir Et quitter nos chères campagnes, Garde, au moins, un doux souvenir À ton pays, à tes compagnes ! Que l'avenir te soit heureux, Mais que ton cœur nous soit fidèle, Souviens-toi des palmiers ombreux Où roucoulait la tourterelle. Rébecca, reçois nos adieux Et dans ta nouvelle patrie Où nous te suivons de nos vœux, Souviens-toi de nous, sœur chérie. Chœur général : En toi, mon Dieu, notre âme se confie Et notre voix te glorifie. Conserve-nous l'appui de ton secours, Comme aujourd'hui, Seigneur, et demain et toujours Maitre éternel, O Roi du monde, Ta main, en bienfaits, est féconde ; C'est en ta bonté que se fonde Notre unique espoir. En toi, mon Dieu, notre âme se confie Conserve-nous l'appui de ton secours, Comme aujourd'hui, Seigneur, et demain et toujours Source de force et de lumière, Daigne écouter l'humble prière Qui vers ton ciel, de notre terre, Monte chaque soir !